Propos recueillis par Alain Barbanel et Emmanuel Debono
(Entretien paru dans Le DDV n°682, mars 2021)
DDV : Vous avez longtemps habité aux États-Unis. Quelle analyse faites-vous de la victoire de Joe Biden dans un contexte où le parti démocrate est tiraillé, voire déchiré entre une aile qui se veut très progressiste et très proche des revendications identitaires, et les courants classiques, plus au centre ?
Corinne Narassiguin : Joe Biden a gagné largement contre Donald Trump, parce qu’il a su mobiliser, de l’aile gauche radicale démocrate et des activistes du mouvement Black Lives Matter contre les trumpistes noyautés par les suprématistes blancs, jusqu’aux électeurs républicains qui voulaient se débarrasser de Trump et revenir à une forme de normalité, en passant par les classes ouvrières qui s’étaient détournées des démocrates dans les swing states où la désindustrialisation a fait des ravages. Il doit maintenant effectivement tenir ce grand écart. Au départ l’urgence des crises multiples à traiter lui permettra de trouver des solutions bipartisanes, qui sont son inclination naturelle, tout en satisfaisant suffisamment les plus radicaux de la Squad autour d’Alexandria Ocasio-Cortez. Mais son plus grand défi, et celui de Kamala Harris, déjà candidate présumée pour 2024, sera de réduire les profondes fractures nationales dans la durée, sans fragmenter le parti démocrate.
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