Par Isabelle de Mecquenem, professeure de philosophie à l’INSPE de l’Université de Reims Champagne-Ardenne
(Article paru dans Le DDV n°681, décembre 2020)
« Dans l’idée d’Université, il y a l’exigence de l’ouverture de tous les côtés, liée à la tâche de créer des relations sans limites pour s’approcher indirectement de l’Un du Tout », écrivait Karl Jaspers en 1946[1]. Si cette citation réaffirmant le modèle « gréco-germanique » d’une université à peine sortie des remugles du mythe aryen serait à commenter en tant que telle, nous en retiendrons surtout l’appel normatif émanant d’un philosophe qui, en l’occurrence, s’adressait en tant que président d’une université à ses professeurs et étudiants pour relancer, sur les décombres de la Seconde Guerre mondiale, le projet de « la recherche en commun de la vérité » qui définit l’université.
Il n’a pas échappé aux médias que le monde académique, qu’on n’osera qualifier de « français », puisque internationalisé par nature et cosmopolite par vocation, a été traversé de controverses véhémentes sur des sujets à haute charge polémique et idéologique comme le racisme et les discriminations. S’il ne s’agissait que de débats, de problèmes de société ou d’événements déclencheurs ayant choqué ou indigné l’opinion publique et trouvant leur écho dans la vie universitaire, il n’y aurait pas lieu d’y revenir, ni de s’en inquiéter. Tout au contraire, le milieu universitaire, par les ressources qu’il représente, serait coupable d’y rester indifférent, pour parodier des paroles publiques récentes.
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