LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Se connecter
  • S'enregistrer
Panier / 0,00 €

No products in the cart.

  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Fatiha Agag-Boudjahlat (DR)

    Fatiha Agag-Boudjahlat : l’égalité, une promesse républicaine à honorer

    Illustration Charlotte Moreau

    Refuser la normalisation

    Michel Foucault dans son bureau du Collège de France, Paris, 1970 (©akg-images / Jacques Violet)

    À propos d’un texte sur Michel Foucault. Réponse à Gaston Crémieux

    Jean-Jacques-François Le Barbier (dit l'Aîné, attribué à, 1738-1826). "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. La Monarchie, tenant les chaînes brisées de la Tyrannie, et le génie de la Nation, tenant le sceptre du Pouvoir, entourent le préambule de la déclaration" (Huile sur bois (détail). Paris, musée Carnavalet)

    Profondeur historique de la laïcité

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
ABONNEMENT PAPIER
PREMIUM
LEDDV.FR - Revue universaliste
  • Actualité
  • Analyse
  • Éducation
  • Culture
    • Lecture
  • Opinion
    • Tout
    • Chronique
    • Éditorial
    • Tribune
    Fatiha Agag-Boudjahlat (DR)

    Fatiha Agag-Boudjahlat : l’égalité, une promesse républicaine à honorer

    Illustration Charlotte Moreau

    Refuser la normalisation

    Michel Foucault dans son bureau du Collège de France, Paris, 1970 (©akg-images / Jacques Violet)

    À propos d’un texte sur Michel Foucault. Réponse à Gaston Crémieux

    Jean-Jacques-François Le Barbier (dit l'Aîné, attribué à, 1738-1826). "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. La Monarchie, tenant les chaînes brisées de la Tyrannie, et le génie de la Nation, tenant le sceptre du Pouvoir, entourent le préambule de la déclaration" (Huile sur bois (détail). Paris, musée Carnavalet)

    Profondeur historique de la laïcité

    • Éditorial
  • Histoire
  • À propos
ABONNEMENT PAPIER
PREMIUM
LEDDV.FR - Revue universaliste
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Analyse

Éloge de la différence et anti-universalisme

À la fin des années 1980, Pierre-André Taguieff mettait en garde contre les pièges de l’éloge de la différence. Le souvenir d’un débat télévisé animé par Michel Polac éclaire la réception mitigée faite à l’époque à un tel avertissement.

Le DDV Par Le DDV
12 October 2021
dans Analyse
Temps de lecture : 7 min
A A
0
(crédit : Gerlat/Pixabay)

(crédit : Gerlat/Pixabay)

32
PARTAGES
Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Jean-Jacques Cambier, journaliste
(Article paru dans Le DDV n°684, automne 2021)

« Le racisme, quelle que soit la façon dont vous nous le présentez, ça ne tient pas debout, ce sont des préjugés. Alors pourquoi consacrer 600 pages à ce qui n’est finalement qu’une immense connerie ? » Le mercredi 27 avril 1988, lorsque Michel Polac invite sur le plateau de Libre et change1 sur M6 Pierre-André Taguieff sur le thème du racisme, le téléspectateur que j’étais est interloqué par la façon dont il présente le livre que le politiste vient de publier : La force du préjugé, essai sur le racisme et ses doubles. Le journaliste, réputé pour son érudition et son franc-parler, dit avoir trouvé l’ouvrage « passionnant ». Mais Michel Polac n’en démordra pas tout au long de cette émission littéraire produite par Marin Karmitz, réutilisant à plusieurs reprises cette formule : le racisme est avant tout une « connerie ».

Le téléspectateur, qui ne pouvait que partager un tel avis, était de fait incité à considérer avec circonspection les analyses de Pierre-André Taguieff. Il pouvait les entendre comme celles d’un chercheur ayant eu l’idée baroque de se faire l’archéologue de la « connerie », mais il n’était guère encouragé à saisir en quoi elles pouvaient compter pour le débat public. L’essentiel avait été rappelé par Michel Polac : le racisme est une « connerie ». Ce qui importait, c’était de mépriser et rejeter celle-ci comme telle. Les mises en garde développées par le philosophe au cours de l’émission contre les pièges de l’éloge de la différence ou les dangers d’un « antiracisme raciste », qui nous apparaîtraient aujourd’hui quasi prophétiques, pouvaient ainsi passer au second plan, remisées sous le boisseau des extrapolations savantes. Un an avant l’affaire des foulards de Creil, de tels raisonnements avaient du mal à se faire entendre. Mais le bémol de Michel Polac, dont il admettra volontiers lui-même par la suite la « grossièreté », aura au moins eu un mérite : celui de contribuer à graver dans la mémoire du public la teneur des échanges.

Indulgence et regret

Le téléspectateur de 1988 songeant aujourd’hui aux propos tenus dans cette émission peut être partagé entre indulgence et regret. Il a en effet de l’indulgence pour un journaliste ponctuant les échanges de son rappel insistant à la « connerie » du racisme. Car, à la fin des années 1980, le racisme sévissait avec violence. L’urgence était de marteler que le racisme n’est pas une opinion mais un délit et non de ratiociner sur les anciennes théories qui avaient permis que le racisme fût autrefois une opinion.

L’ancien téléspectateur a aussi de l’indulgence pour celui qu’il était lui-même à l’époque. Car il aura fallu longuement penser contre soi-même pour que les réserves de Pierre-André Taguieff vis-à-vis de l’éloge de la différence lui soient enfin audibles. En 1988, alors que les photos d’Oliviero Toscani exaltant la diversité pour la marque Benetton recouvraient les murs, elles étaient singulièrement dissonantes. « L’éloge de la différence » cher à Albert Jacquard s’était imposé comme un vade-mecum antiraciste. Et le credo du généticien ne paraissait pas souffrir la contradiction : « Notre richesse collective est faite de notre diversité. L’“autre”, individu ou société, nous est précieux dans la mesure où il nous est dissemblable. »

Le regret est bien sûr celui de n’avoir pas su comprendre assez tôt ce que les analyses de Pierre-André Taguieff avaient de capital pour anticiper les problématiques. Et, en pensant en 2021 à ce Libre et change mémorable, on ne peut que déplorer le temps perdu pour se prémunir contre l’absolutisation de la différence qui menaçait derrière son éloge.

Lors de l’émission, le philosophe détaillait les trois « grands déplacements » s’étant opérés dans les constructions racistes. D’abord, un déplacement de l’éloge de l’inégalité vers l’éloge de la différence : « On passe du vieux racisme inégalitaire que l’on retrouvait dans l’impérialisme colonial, avec le mépris d’une subhumanité censée être dominée pour son bien par des colonisateurs supérieurs, à une vision différentialiste. C’est ce que j’appelle le racisme différentialiste. » Ensuite, un déplacement du biologique au culturel impliquant « une redéfinition radicale du racisme, ou plutôt une distinction de deux modes d’habillage, de présentation du racisme ». Enfin, un déplacement d’une attitude hétérophobe, c’est-à-dire de rejet de l’autre, à un racisme hétérophile : « Il est évident que l’éloge de la différence n’est pas en lui-même raciste […]. Mais il est une manière de rendre acceptable le racisme le plus radical, qui est de réduire les individus à leurs origines, à leurs groupes d’appartenance, et de définir les communautés d’origine comme des destins insurmontables. Dès lors on pense la race, ou l’ethnie, ou la culture ou la tradition comme des entités closes sur elles-mêmes dont on ne peut pas sortir. […] En fait, on a absolutisé les différences. C’est ce que j’appelle le racisme différentialiste et culturel. »

De l’éloge à la compassion

Le piège de l’éloge de la différence pointé par Pierre-André Taguieff se refermera de façon spectaculaire lors de l’affaire des foulards de Creil à l’automne 1989. Un piège dans lequel tombera lui-même le téléspectateur inattentif de 1988 avec beaucoup d’autres antiracistes. Car c’est précisément le respect d’une différence absolutisée qui poussera nombre de personnalités à se mobiliser en faveur de jeunes filles voulant porter le hijab au sein de leur collège. Jusqu’à ce que certains de leurs défenseurs finissent eux-mêmes par réaliser que ce respect-là était en contradiction avec le principe républicain d’égalité, à l’instar de la communiste Marie-George Buffet : « Au nom des minorités, on disait : c’est leur culture et leur tradition, il faut donc respecter leurs volontés. Mais ce n’était pas une démarche très digne. On ne disait pas : vous êtes des citoyennes qui devez respecter les droits et les devoirs comme tous les citoyens. On leur disait : on vous prend comme vous êtes. C’était une démarche de compassion et non pas d’émancipation. J’ai pris la défense de ces jeunes filles et de leur famille alors que j’aurais dû me placer du côté émancipateur, c’est-à-dire à la fois de l’école et de l’égalité à l’école, et puis du côté des femme2. »

Déplacement du discours anti-universaliste

Sur le plateau de Libre et change, Pierre-André Taguieff n’était pas le seul invité de Michel Polac. Face à lui, Alain de Benoist, l’idéologue de la Nouvelle Droite, était notamment venu expliquer les thèses défendues dans son livre Europe, Tiers Monde, même combat (Robert Laffont, 1986), notamment celle du « droit à la différence » contre « un mouvement d’homégénéisation culturelle ». Un « droit à la différence » aussitôt démystifié par Pierre-André Taguieff : « Lorsqu’Alain de Benoist défend le droit à la différence, nous avons affaire à un bon exemple de reprise des valeurs de l’adversaire – l’adversaire étant une gauche qui pensait être antiraciste en défendant le droit à l’identité culturelle. »

L’opposition est totale entre le politologue et l’intellectuel de référence de l’extrême droite française. Face à Michel Polac, le second s’efforcera de démolir les thèses de Pierre-André Taguieff en s’appuyant sur une remise en cause de l’universalisme, qualifiant cette conception de « particularisme » occidental. « Ce que j’ai voulu montrer dans Europe, Tiers Monde, même combat, c’est que l’idéologie du développement est peut-être le dernier avatar de ce racisme universaliste qui consiste à convertir toutes les sociétés du tiers monde [à un] modèle unique », ne craindra pas d’affirmer Alain de Benoist.

Ce travestissement de l’idéal universaliste par ses ennemis continue encore aujourd’hui d’intoxiquer. Mais force est de constater qu’il s’opère désormais à l’extrême gauche de l’échiquier politique. Et c’est sans doute ce déplacement du discours anti-universaliste d’un bord à l’autre qui, plus de trente ans après, navre le plus l’ancien téléspectateur de 1988.

Et la « connerie » dans tout ça ? « Quand je vois des modélisations sociales se faire au nom de “conneries ”, mais de “conneries” qui agissent, à savoir la sacralisation d’une identité fictive, d’une homogénéité, qu’elle soit culturelle ou de sang, je me dis qu’il faut analyser. On ne peut pas lutter efficacement sans analyser », répondait Pierre-André Taguieff à Michel Polac.

Note :

[1] L’INA ne dispose pas d’enregistrements de l’émission Libre et change évoquée dans l’article, sur le thème « La race des seigneurs ». Pour se rafraîchir la mémoire, l’auteur de ces lignes a dû consulter une vidéo de la chaîne YouTube de la revue identitaire Éléments, dont Alain de Benoist est un collaborateur régulier.
[2] Témoignage de Marie-George Buffet extrait de « Laïcité, 30 ans de fracture à gauche », documentaire de Thomas Legrand et Pauline Pallier (LCP, 2020).

La Force du préjugé
Dans La Force du préjugé, publié en 1988, Pierre-André Taguieff reprenait une à une les théories « raciales » et « racistes », puis leurs pendants opposés, traçant une généalogie intellectuelle des pensées différentialiste et inégalitaire. L’homme peut-il échapper à un comportement ségrégatif ? Peut-il maîtriser son penchant à l’exclusion ? D’où vient cette force du préjugé ? Comment penser les fondements philosophiques d’un antiracisme conséquent ? Autant de questions auxquelles répondait cet essai majeur toujours d’actualité.
La Force du préjugé, essai sur le racisme et ses doubles, Pierre-André Taguieff, Gallimard, 644 pages

Étiquettes : Alain de Benoistdifférentialismedroit à la différenceMichel PolacPierre-André TaguieffRacisme

À lire : Articles

Photo de couverture du magazine mensuel Homophonies, n°19, mai 1982
Analyse

Quand les LGBT étaient laïques…

2 January 2022
(crédit : Frédéric Bisson / Flick)
Analyse

Une politique d’intégration à repenser

31 December 2021
(crédit : Unsplash/Jon Tyson)
Analyse

La classe ouvrière américaine préfère l’universalisme au wokisme

24 December 2021
« Séparation de l’Église et de l’État ». Une du journal Le Rire, 20 mai 1905 (au centre, le ministre de l’Instruction publique, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin).
Analyse

Laïcité : un savoir à reconstruire

7 December 2021
L'Heure bretonne, 9 août 1941 ("Le premier coup", René-Yves Creston, détail. Crédit : Gallica-BNF)
Analyse

Indépendantisme breton, réécriture de l’histoire et antisémitisme

3 December 2021
(photo Pixabay)
Analyse

Éric Zemmour ou l’antiféminisme obsessionnel

19 November 2021
Voir plus
Article suivant
Statue de Saint-Pierre, Rome (crédit photo : Dominique Devroye / Pixabay)

Parler des religions à l’école : pour quoi faire ?

Samuel Paty, la liberté sans tricher

Les plus lus

    À lire

    Alexis Sciard / IP3; Versailles, France, October 19, 2021 -French far right media pundit Eric Zemmour talks during a meeting to promote his latest book La France n a pas dit son dernier mot (France has not yet said its last word) in Versailles, west of Paris. Provocative anti immigration commentator Eric Zemmour is drawing national attention in France as he floats a possible presidential bid that could shake up the campaign for the April election. (MaxPPP TagID: maxnewsfrfour826096.jpg) [Photo via MaxPPP]

    Sociologie du « zemmourisme ». Radioscopie d’un nouvel électorat national-populiste

    6 January 2022
    Éric Zemmour à Versailles, le 19 octobre 2021 (© Alexis Sciard / IP3)

    Enquête : une zemmourisation des esprits avec ou sans Zemmour

    6 January 2022
    Éric Zemmour, France Inter, 16 décembre 2021

    Éric Zemmour démenti par Alain Terrenoire, artisan de la « loi Pleven »

    5 January 2022
    LEDDV.FR – Revue universaliste

    Le Droit de Vivre - Revue universaliste

    « Rien de ce qui est humain ne m'est étranger » - Térence

    » En savoir plus

    Recent Posts

    • Sociologie du « zemmourisme ». Radioscopie d’un nouvel électorat national-populiste
    • Enquête : une zemmourisation des esprits avec ou sans Zemmour
    • Éric Zemmour démenti par Alain Terrenoire, artisan de la « loi Pleven »

    Categories

    • Actualité
    • Analyse
    • Chronique
    • Culture
    • Éditorial
    • Éducation
    • Entretien
    • Histoire
    • Lecture
    • Opinion
    • Premium
    • Tribune
    • À propos
    • CGU
    • CGV
    • Cookies
    • Confidentialité
    • Mentions légales
    • Contact

    © 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

    Aucun résultat
    Voir tous les résultats
    • » Abonnement papier
    • » Packs Premium
    • Actualité
    • Analyse
    • Éducation
    • Culture
      • Lecture
    • Opinion
      • Éditorial
      • Tribune
    • Histoire
    • À propos
    • Se connecter
    • Créer
    • Panier

    © 2021 LeDDV.fr - Revue universaliste - Tous droits réservés.

    Bienvenue !

    Se connecter

    Mot de passe oublié ? Créer

    Créer un compte

    Renseignez le formulaire pour créer un compte

    Tous les champs sont requis Se connecter

    Récupérer mon mot de passe

    Renseignez les champs pour récupérer votre mot de passe

    Se connecter

    Add New Playlist

    Are you sure want to unlock this post?
    Unlock left : 0
    Are you sure want to cancel subscription?